Un long article, probablement le plus long que j’ai écrit, mais il y a beaucoup d’informations pratiques et également quelques aperçues d’expositions donc n’hésitez pas à le lire en entier ,même s’il faut revenir plusieurs fois. S’intéresser à ce que font les autres photographes est essentiels pour progresser plus rapidement.
Le festival
Ce festival photo est l’un des plus grands au monde. Au vu de la diversité et de la qualité des expositions, on n’a aucun mal à l’imaginer. Ce cru 2015, la 46e édition rassemble près de 25 expositions. Le festival coûte 6,5 millions d’euros, la moitié financée par l’État et l’autre financée par le festival lui-même grâce à la vente de billets et de livres entre autres. Ce qui est une très belle performance. Cette année le festival met en avant la porosité que la photo peut avoir avec les autres arts (musique, cinéma, sculpture…)
Mon but était clair. Arriver à faire toutes les expositions, en, prenant le temps de profiter de chacune d’elles et tout cela en 48H. Cela peut paraître facile, mais quand on y regarde de près, ce n’est pas si simple. Au final, j‘ai réussi à toutes les faire sauf une que je n’ai jamais réussi à trouver. « Shame on me ». Je peux tout de même vous faire un petit résumé de l’ensemble.
Le prix
Transport
Je ne vais pas donner les prix pour ceux qui habitent Houston. Je vais parler de mon cas, quand on vient d’Ile de France. Le moyen le moins cher est le train. Surtout avec le « OuiGo ». Un aller-retour « Marne la vallée – Nîmes » : 75 €. En réservant quelques semaines auparavant. Ce n’est pas très cher, mais vous l’avez compris, il faut se rendre à la station de RER A « Marne la vallée ». Il faut donc ajouter à ce prix le coût du RER de chez vous jusqu’à cette station (7.60€ si vous partez de Paris). Vous voilà à Nîmes il y bien la féria en septembre, mais vous voulez vous rendre à Arles. Il faut donc une fois arriver, prendre un TER qui se situe dans la même gare SNCF. Le tarif du TER varie suivant l’heure et la journée, c‘est autour de 7 € pour un Nîmes-Arles. La beauté d’Internet, c‘est que l’on peut réserver tout cela en ligne. J’ai fait la rencontre d’un photographe parisien sur place qui avait payé plus, mais avait gagné du temps en prenant un Paris Gare de Lyon – Avignon et ensuite un bus pour relié Arles. A voir selon votre budget et votre temps.
Hébergement
Pour l’hôtel téléphoner directement à celui que vous avez sélectionné sur internet . Économie potentielle de 30% à la clé. C’est la désagréable nouvelle que j’ai apprise quand lorsque l’hôtelier qui m’a accueilli le soir était étonné de me voir venir seul. « C’est une chambre pour 4. C’est dommage, en ligne via booking.com, on ne propose que nos grosses chambres. Vous auriez téléphoné, vous auriez eu une chambre plus petite mais 30% moins chère« . L’hôtel peut être un bon choix comparé à Airbnb. Déjà parce que, quand j’ai regardé les prix, c’était à peu près similaire. Alors que dans un hôtel, on a un accueil, une vrai chambre privative, la chambre qui est nettoyée tous les jours et peut-être le plus important de l’air climatisé. Quand il fait 39 dehors comme c’était le cas quand j’y suis allé, c’est un facteur important.
Le festival
Le prix du passe est de 49 € la semaine d’ouverture. Puis de 37 € en juillet-août. Il est possible de payer uniquement pour voir une exposition, le prix est alors en moyenne de 10 € par exposition, je ne vois pas trop l’intérêt. Le ticket de caisse vous permet de retirer un nouveau passe gratuitement. Une bonne chose à savoir si l’on égare son passe, ce qui doit arriver souvent vu que c’est un petit morceau de papier que l’on est obligé de sortir à chaque exposition et il y en a beaucoup… Le passe permet de pouvoir accéder une fois à chaque exposition, cequi offre l’avantage de pouvoir étaler son séjour sur la période que l’on veut. On peut même imaginer que ceux qui n’habitent pas loin repartissent leurs visites sur plusieurs week-ends en utilisant le même passe. 95% des expositions sont accessibles à pied dans Arles. Seul le site d’exposition de l’Abbaye Montmajour se situe à 5 kmd’Arles. Il faut prendre un bus ou un taxi pour pouvoir y accéder.
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Le lieu
La toile de fond est Arles, une magnifique ville des bouches du Rhône. Quand j’y suis allé en mi juillet, j’ai eu très beau temps et la température oscillée entre 38 et 39 degrés. Je ne vais pas ici vous faire un copier-coller de wikipédia. Sachez qu’elle vous offrira tout ce que vous pouvez attendre d’une charmante ville du Sud. Des maisons colorées, du soleil et le chant des criquets en guise de bande-son. Les festivals permettent souvent de mettre en avant les plus beaux atouts de la ville. Ici vous pourrez explorer les anciens hangars SNCF, des églises, des abbayes, des musées… Certains lieux ne sont ouvert au public que dans le cadre de ce festival.
Quand partir
Le festival se déroule sur deux mois, la question « Quand partir » peut donc se poser d’autant que la semaine d’ouverture est celle où se déroule toute une série d’événements uniques (présentations des expositions par les photographes, signatures de livres, lectures de portfolio par des professionnels, attribution des prix, projections nocturnes, conférences….)
La première semaine est donc la plus prisée et cela au niveau national et international. Il y a plus de monde et certains événements peuvent en souffrir, comme la présentation des expositions par leurs auteurs. J’ai entendu dire que, quelquefois, il était compliqué de voir les œuvres à cause de la foule. Les prix sont plus élevés, qu’il s agisse du passe, des hôtels ou des transports. Et comme il y a des choses uniques à faire tous les jours pendant une semaine, on serait tenté de rester plus longtemps et donc de payer encore plus cher. A noter qu’il y a également le festival photo off « voies off » en parallèle.
Une fois la frénésie de la première semaine retombée, il reste les expositions à visiter tous les jours de 10h à 19h jusqu’à mi-septembre. Il y a moins de monde et il y a quelque chose qu’il n’y a pas pendant la première semaine. Les visites guidées. En effet étant donné que le photographe lui-même présente son exposition une fois la première semaine il n’y ont pas de visites guidées. Dernière chose, certaines expositions sont arrêtées avant les autres. Attention donc pour ceux qui veulent partir en septembre, la programmation est réduite. Ce n’est donc pas aussi évident de faire son choix. Le temps et le budget dont vous disposez vous permettront de trancher. Attention la 2e semaine festival de musique sud
Mes expositions préférées
Autant le dire tout de suite ce fut une merveilleuse expérience de parcourir l’ensemble du festival. La sélection est assez accessible et à part 2,3 séries, ce fut avec une vraie gourmandise que j’ai pris le temps de les découvrir. Mes excuses aux photographes pour la reproduction de piètre qualité que je fais de leurs images mais un article sur des photos avec des photos c’est mieux.
Alex Majoli et Paolo Pellegrin – Congo
Je commence par mon exposition préférée et, pourtant, le thème était loin de m’emballer. Le Congo. Je me suis dit « Encore des photos sur l’Afrique avec des portraits, des gens qui posent devant leur maison ou leur lieu de travail…super-originale, on en redemande… » L’avantage en partant avec cet état d’esprit, c’est qu’on ne peut être surpris que dans le bon sens. Et là je me suis totalement fait cueillir. Chaque photo est un chef-d’oeuvre à part entière. Elles sont justes sublimes. Mais ce qui m’a fasciné en plus, c‘est la variété des sujets et des formats proposés tout en restant homogène. Il y a du noir et blanc, de la couleur du panoramique, du 4/3, des photos d’arbres, de foules,des mini série, de deux ou quatre photos, des objets… Il n’y a pas de limites. C’est très rafraîchissant d’avoir un panel aussi étendu dans une même série. On ne tombe jamais dans une routine et on est surpris par chaque photo. Un vrai bonheur pour les yeux.
Je m’étais jeté sur les photos et je n’avais pas pris le temps de lire qui était l’auteur de ces photographies. Grosse erreur. J’ai découvert qu’il s’agissait non pas d’un mais de deux photographes. En faisant un peu plus de recherches il s’avère que les deux sont de l’agence Magnum et que Paolo Pellegrin a même reçu la prestigieuse récompense de photographe de l’année 2013 par Pictures of the Year. Pas de hasard ici, si la qualité est exceptionnelle. On peut difficilement faire mieux.
Originalité de l’exposition, aucun panonceau à côté des photos. On ne peut même pas savoir, lequel des deux est l’auteur de telle ou telle photo. Le livre de l’exposition limité à 500 exemplaires est à 250 €. L’argent est reversé à une oeuvre caritative.
Thierry Bouêt – Affaires privées
Une idée simple mais très efficace. Ce photographe parcourt le site d’annonce leboncoin.fr à la recherche d’annonces insolites ou qui éveillent sa curiosité. Une fois qu’il a trouvé une annonce il contact le vendeur et lui demande s’ilaccepte de poser avec son objet en vente. En découle une série de photos un peu décalées ou le vendeur et l’objet se partagent la vedette. Le panonceau qui accompagne chaque photo reprend l’annonce du bon coin et l’histoire autour de l’objet que le photographe a pu obtenir du vendeur.
Jean-Marie Donat – Vernaculaire
Dans ce festival des séries de photographes mais également des séries de photos issues de collectionneurs privés. Ce collectionneur a réussi à rassembler des collections de photos sur un thème donné. Le choix du thème et les photos sélectionnées font tout le charme de cette exposition. Ici la collection « Le prédateur ». Un point commun sur ces photos? Il y a toujours l’ombre d’un homme à chapeau en bas (celle du photographe). Quand on sait qu’il s agit à chaque fois de photographes différents, on imagine la difficulté de réunir une collection pareil. J‘en ai pris 7 en photos, mais il doit en avoir 150 au total. Il y a aussi dans cette exposition deux autres collections présentées du même collectionneur.
Toon Michiels – American neon signs by day and night
Un concept efficace et on se demande pourquoi on n’y a pas pensé auparavant. Prendre en photo la même chose, du même angle de nuit et de jour. Bien sûr, ici on n’est pas dans le fin fond de la Normandie, mais à Las Vegas. Il est donc un peu plus facile de faire une série très graphique sur cette thématique. Le fait que la série date des années 70 et que la plupart des enseignes prisent en photos n’existent plus à l’heure actuelle, offre un véritable intérêt supplémentaire à cette exposition.
8 photographes japonais – Another language
Cette exposition regroupe des séries de 8 photographes japonais. Que du noirs et blancs, des expérimentations discutables et aussi beaucoup d’humour. Ce photographe japonais a eu l’idée par exemple de prendre sa copine en photo tous les jours quand elle partait au travail le matin. Il la prend de sa fenêtre, alors que lui est au chômage et reste à la maison. Cette série d’une vingtaine de photo est vraiment drôle à voir. Il faut dire que son sujet est particulièrement expressif et ne manque pas de faire savoir son humeur journalière.
Stephen Shore – premiere retrospective europeenne
Une rétrospective sur l’ensemble de la carrière de ce photographe américain très talentueux. On est impressionné par la maturité, des photos prisent par ce photographe alors qu’il n’est au début qu’un adolescent. Puis il est très intéressant de suivre les différentes idées, expérimentation, évolution qu’il a eue au fil de sa vie de photographe. Il ne voulait pas tomber dans une certaine routine. Il y a un nombre de photos impressionnant rassemblées pour cette rétrospective.
Sandro Miller – Malkovich – Malkovich – Malkovich
Sandro Miller grand photographe de portraits a demandé à son ami John Malkovich de lui servir de modèles pour reproduire plusieurs dizaines de classiques de la photo. Celui-ci a tout de suite accepté et le résultat est assez incroyable. Le talent du photographe combiné au talent d’acteur de John Malkovich fait que des fois, on ne lereconnaît même plus. On peut saluer également le travail en costume et maquillage.
Markus Brunetti – Facades
Ce photographe a décidé de parcourir l’Europe et de photographier principalement des cathédrales. Au bout de 10 ans, il présente le résultat une vingtaine de photos. Un rapide calcul nous amène à constater que cela fait 6 mois pour chaque photo. Ce qui semble très peu, mais on a un premier indice en lisant le panonceau des photos. Elles ne sont pas prises à une date, mais sur une période… Une période pouvant aller jusqu’à 7 ans ! Puis lorsque l’on se rapproche de ces photos qui peuvent atteindre plusieurs mètres de hauteur. On constate que l’on a beau mettre son oeil à 1cm de la photo aussi loin que l’on peut regarder, il y a toujours des détails. La résolution est juste impossible à obtenir. En tout cas pas avec une seule photo. Et c’est là toute l’explication. Les photos sont des combinaisons de photos et pour atteindre un tel niveau de qualité, il a fallu près de 1500 photos pour obtenir une photo de ce type. On imagine le travail en postproduction.
Mais ce n’est pas tout, il y a également un gros travail sur le redressement de perspective pour obtenir une image de ces cathédrales bien droit. Un rendu qui dans la réalité est impossible à obtenir quand vous êtes au pied du bâtiment. Si l’on prend en compte le fait que pour obtenir une image finale avec la même luminosité le photographe ne prend ses photos que par temps gris, on se dit que le travail qu’il effectue est tout aussi monumental que les édifices qu’il prend en photo.
Les autres visites
Je ne vais pas faire l’inventaire de toutes les expositions, il y en a une trentaine. Il n’y en a que 3,4 où je n’ai pas trop accroché. Pour le reste, ce fut à chaque fois, d’agréables surprises. En plus du festival il y a également de autres lieux d’expositions de photos dans la ville. Certains photographes profitent de l’appel d’air du festival pour montrer leurs photos dans certaines galeries de la ville. Il y a également le festival off « Voies off » pendant la première semaine.
Les visites guidées et conférence
Si vous n’avez pas eu la chance comme moi d’assister à la première semaine. Il y a quand même des événements d’organiser. Ces événements sont gratuits pour ceux qui ont des passes alors pourquoi s’en priver ?
Tous les jours se déroulent les visites guidées. Le programme change toutes les semaines, il faut donc se procurer le programme dans l’un des nombreux endroits où l’on peut acheter des passes. Il y a 2 visites guidées par jour (11h à 12h30 et entre 17 h 15 et 18 h 45) et une alternance tous les jours. Il y a 4 circuits de visites guidées différents par semaine et plusieurs guides pour les assurer. Ce qui permet pour ceux qui restent que 2 jours de pouvoir faire les 4 visites guidées de la semaine en 2 jours. Ces visites font 1h30 et couvrent 3 expositions différentes. Les expositions vues dans le cadre d’une visite guidée ne sont pas comptabilisées dans votre passe. Vous pouvez donc revenir les voir plus tard seul si vous le désirez.
Je suis très friand des visites guidées, car elles permettent d’avoir de précieuses informations et détails sur les photographes, leurs modes opératoires, leur carrière, leurs styles… Bref tous ce qui n’est pas marqué sur lespanonceaux, mais qui sont aussi voir plus intéressant. Il y a aussi une vraie interaction avec le groupe et l’on peut poser des questions quand on le désire.
J’en ai profité pour effectuer 3 visites guidées et à chaque fois ce fut très intéressant. La taille du groupe a varié entre une petite dizaine à une bonne vingtaine de personnes suivant la visite. Ce qui permet au groupe d’avoir une bonne mobilité et ne pas se gêner pendant la visite.
Verdict
Je ne peux que conseiller de s’y rendre. J’ai hâte d’être à l’année prochaine pour voir la nouvelle sélection. Je n’ai vraiment rien de négatif à dire. Foncez !
2 Commentaires
Dude
août 17, 2015 at 9:20 pmThanks dude pour la dédicace…!
Article super intéressant qui permet de s’évader grâce à ton article, et rien que par le web.
Jean-Marie Donat
septembre 21, 2015 at 2:44 pmTrès bel article, qui reflète bien l’esprit de cette nouvelle édition.
Bravo et merci,
JM Donat